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Analyse des pratiques professionnelles et modification des pratiques

Posted By admin On 31 décembre 2000 @ 15:12 In Sur l'analyse des pratiques professionnelles | No Comments

Contribution à la réflexion sur une des deux questions de la recherche.

L’analyse des pratiques professionnelles entraîne-t-elle une modification de ses pratiques ? Pourquoi l’INRP pose-t-il aujourd’hui cette question et en ces termes ?

  • L’APP devient aujourd’hui une des stratégies privilégiées de la formation, y compris pour les institutions de formation. Elle correspond … à la sortie d’un modèle de formation normatif et prescriptif, fondé d’une part sur le jugement de valeur et l’écart par rapport à une norme, d’autre part sur le conseil qui en découle. Et à l’insuffisance d’un modèle d’apprentissage fondé sur l’imitation de tours de main artisanaux stabilisés et transmissibles. Elle est cohérente avec laconception d’un professionnel confronté à des situations-problèmes difficiles et aléatoires qu’il tente de résoudre en s’adaptant, de manière autonome. La formation est en ce sens un processus de professionnalisation où l’on s’auto-accompagne dans les changements inéluctables par cette capacité d’analyser sa pratique.
  • Elle s’inscrit dans un contextethéorique :
    + inspiré par la pensée complexe, qui approfondit le concept de pratique professionnelle, de situation éducative, et renouvelle ses paradigmes d’explication-compréhension de l’action située ;
    + renouvelé par les théories de l’apprentissage et du processus enseignement-apprentissage.
  • La question telle qu’elle est poséeinterroge une affirmation : analyser une pratique la modifie. Celle-ci devient une hypothèse à vérifier. Elle pose le problème du rapport de l’analyse à l’action, et elle le fait en terme de causalité.
    Qu’est ce qui autorise théoriquement l’hypothèse que la connaissance influence l’action ?
    + le paradigme objectivanttechno-scientifique : par exemple la connaissance scientifique des lois de la nature, en permettant le développement de la technique, a accru la puissance de l’homme sur son environnement. On peut s’autoriser à inférer qu’une meilleure connaissance des pratiques, de leur logique et de leur environnement, permettra de les infléchir ;
    + le paradigme clinique (en particulier psy-analytique), selon lequel une meilleure connaissance de soi entraîne une meilleure assomption de son histoire, la disparition de symptômes, le changement de certaines conduites.
  • On peut interroger plusieurs présupposés :
    + Y a-t-il des pratiques qui ne changent pas ? Ou toute pratique change t-elle de fait ? Changent-elles en profondeur ou seulement en apparence ?
    + Si les pratiques changent, qu’est-ce qui les fait changer ? On peut avoir un modèle causal du changement, linéaire et mécaniste, ou très complexe. Quelle est la part, s’il y en a une, de l’APP ? Se combine t-elle avec d’autres éléments, lesquels, quand, comment ? Il peut y avoir des facteurs externes au sujet (modifications sociétales, institutionnelles – réformes -, évolution du public, recomposition de la culture et de l’identitéprofessionnelle, spécificité de telle classe, de tel établissement, de telle zone, opportunité d’une équipe, effet-formation etc.) ; et des facteurs internes, conscients ou inconscients (roman familial, expérience, âge …).
  • Comment vérifier cette hypothèse ? Par des observations ? Mais comment observer un changement ?
    + Mais qu’est ce qu’observer un changement depratique ? Quels sont les critères pertinents du changement. Et l’écheveau de sa (ses) causalité(s) ? Dans quel délai, compte-tenu que le processus d’APP se fait dans le temps ?
    + S’il n’y a pas eu modification, est-ce parce que l’APP n’apporte rien, ou parce qu’elle a été mal faite ?
    + S’il y a eu modification, est-ce à cause de l’APP, ou d’autres facteurs ? Et dans quelle proportion ?
  • L’APP peut avoir des effets : en matière de connaissance de soi, de compétences à analyser. Mais pas forcément en modifiant la pratique. On fait le pari qu’accroître l’intelligibilité donne des points d’appui. Est-ce suffisant ? Est-ce même nécessaire ?
  • Ce qui est par ailleurs interrogé, c’estl’écriture sur sa pratique.

Qu’est ce que l’écriture amène de spécifique par rapport à d’autres méthodes d’APP. ? Y a-t-il un plus d’intelligibilité (par la précision du texte -cohésion et cohérence-, sa nature, sa trace, son objectivation etc.) qui accroîtrait l’opérativité ? En quoil’écriture favorise-t-elle des prises de conscience ? En quoi une prise de conscience peut-elle être utile pour l’action ?

Michel Tozzi.


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