Philotozzi L'apprentissage du Philosopher

Philo au primaire et café-philo : même débat ?

Débat sur ces deux types de pratiques, car elles sont controversées ; débat dans ces pratiques, car la discussion y est au centre.

Tout semble à première vue les opposer : d’une part des discussions avec des enfants, réputés ? concrets ? et affectifs, dans le cadre du sérieux de l’école, avec les individus captifs d’une scolarité obligatoire, sous l’autorité d’un…

maître mandaté et payé responsable d’eux ; de l’autre des adultes au stade logico-formel, plus distanciés, dans le cadre de la cité, en un lieu semi-public d’ambiance conviviale, avec un public exclusivement volontaire, sous la conduite d’un animateur bénévole sans objectif institutionnel de formation, avec un nombre variable de participants?

Et pourtant bien des aspects les rapprochent, à travers leur commune visée? philosophique ?.

  • Les objections convergentes de l’institution philosophique sur le ? détournement ? de la référence au mot et au champ de la philosophie,culturellement connotés : ici l’absence de maturité d’une enfance livrée au préjugé (Descartes), sans des savoirs acquis qui donnent seuls sens à la ré-flexivité, là le café du commerce qui nedécolle pas de la caverne de l’opinion (Platon).
  • Le présupposé inverse que philosopher, pour un enfant ou l’adulte lambda, est à la fois possible en fait, en développant des exigences intellectuelles, et exigible en droit (le ? droit de philosopher ? comme droit de l’homme, selon Pettier) : postulat de ? l’éducabilité philosophique ? de l’enfance (Monteigne), et refus de considérer le peuplecomme un ? idiot culturel ? (Garfinkel) ; conviction aussi de la portée citoyenne de telles pratiques, visant à construire des ? communautés de recherches ? (Lipman), en amont dans l’école pour refinaliser un rapport perturbé au savoir et à la loi, en aval dans la cité pour retisser du lien social et politique, en donnant forme démocratique et réflexive à un ? espace public ?(Kant) de la discussion sur fond ? d’éthique communicationnelle ? (Habermas).

Le point commun, c’est bien le caractère instituant, donc dérangeant, d’innovations qui reposent les questions de ? l’âge du philosopher ?, du rapport de l’enfance au langage et à la pensée, de la définition du philosopher comme démarche, de la place de la discussion dans son apprentissage, du lien à travaillerentre démocratie et philosophie (une ? démosophie ?, ou sagesse du peuple, est-elle possible ?), de la place du philosophe dans la cité, de son rôle de ? maître-ignorant ? (Rancière), et non de ? sujet-supposé-savoir ?, dans la discussion par une culture maieutique de la question.

TOZZI Michel, professeur d’université à Montpellier 3
Directeur dudépartement des sciences de l’éducation et du Cerfee (Centre d’Etude et de Recherche sur les Formes d’Education et d’Enseignement)

BIBLIOGRAPHIE

  • Tozzi M.,? Philosopher à l’école primaire ?, Pratiques de la philosophie n°7 , GFEN, juillet 1999.
  • L’éveil de la pensée réflexive à l’école primaire (coord. Tozzi M.),Cndp-Hachette, 2001.
  • La discussion philosophique à l’école primaire (coord.Tozzi M.), Crdp Montpellier, 2002.

Laisser un commentaire


google

couk