Philotozzi L'apprentissage du Philosopher

La discussion à visée philosophique en France (bref résumé)

(Résumé par Michel Tozzi)

Les pratiques de philosophie avec les enfants se sont développées en France depuis 1996, et le phénomène s’est notablement accéléré depuis 2000Note1 .

Initiées au départ par des innovateurs, elles rejoignent aujourd’hui les …

préoccupations des institutions éducatives, qui considèrent de plus en plus que l’éveil de la pensée réflexive facilite chez les élèves de l’école primaire et du collège, et en particulier chez ceux qui sont en difficulté scolaire (ZEP, Segpa…), une meilleure maîtrise de la langue, le développement de la personnalité de l’enfant, l’éducation à lacitoyenneté, et développe un climat de respect et de paix dans la classe et l’école.

Témoignent de cette activité, outre la multiplication des articles de presse ou reportages télévisés, de nombreuses formations initiales et continues dans les centres de formation des maîtres (IUFM, CFP) et dans les circonscriptions de terrain; plusieurs colloques internationaux annuels depuis 2001 ; de nombreusespublications à destination des maîtres ; un infléchissement d’une partie de la littérature de jeunesse vers des thèmes existentiels et sociétaux ; des collections philosophiques ad hoc chez les éditeurs ; un secteur de la recherche à l’université  (une dizaine de thèses soutenues ou en cours); des ateliers de philosophie pour les enfants dans les nouvelles universités populairescréées (G. Geneviève à Caen, A. Delsol à Narbonne…)…Les mouvements pédagogiques (Cahiers pédagogiques, ICEM, OCCE, GFEN…) contribuent fortement à cette diffusion.

Il y a actuellement en France plusieurs courants qui se développent :


  • La méthode lipmanienne, à l’origine des premières expériences françaises à Caen etClermont-Ferrand (1998), qui a essaimé en associations ; c’est moins le travail sur les livres du maître (difficiles à trouver en France) qui est utilisé, que la lecture d’un chapitre de roman suivi de questions, du choix de l’une d’entre elles, et de l’organisation par le maître d’un débat à partir d’elle.

  • le courant démocratico-philosophique français,autour de l’universitaire M. Tozzi, qui combine un dispositif démocratique répartissant des fonctions entre élèves avec des exigences intellectuelles de problématisation, conceptualisation et argumentation, et accompagne les innovations par de la formation et de la recherche ; il s’oriente actuellement d’une part sur l’articulation du débat d’interprétation d’un texte en français avecun débat à visée philosophique, d’autre part sur l’utilisation de mythes, notamment platoniciens.

  • la méthode d’O Brénifier, qui se réclame de la rigueur de la maïeutique socratique, avec un fort guidage du groupe en vue d’une réflexion progressive et logique, à base de questions, de reformulations et d’objections. Celui-ci produit pour des éditeurs un importantmatériel didactique ad hoc ;

  • le courant de J. Lévine, psychologue développementaliste et psychanalyste, qui dès 1996, a mis au point un protocole de la moyenne section de maternelle à la fin du collège où l’enfant, en présence du maître dans un premier temps volontairement muet, fait l’expérience d’être un sujet pensant au sein d’un groupe de pairs,s’autorise à s’exprimer sur les grands problèmes de la condition humaine, et développe ainsi un langage intérieur et une vision du monde ;

  • d’autres innovateurs proposent leur propre style, comme A. Lalanne (à dominante conceptuelle), ou J.F. Chazerans (tendance autogestionnaire)…

Le prochain colloque de l’Unesco pourrait être l’occasion de faire connaître cespratiques et de les confronter à celle des autres pays.


Notes
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1 Pour unarticle développant « L’émergence des pratiques à visée philosophique à l’école et au collège : comment et pourquoi ? » en France, voir M. Tozzi , in Spirale n° 35, Université de lille 3, 2005.

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